Histoire

« Le Nouveau Scepticisme » – Paul Kurtz

Paul Kurtz (1925-2012) était un Professeur de philosophie connu pour son travail en tant que sceptique scientifique et en tant qu’humaniste séculier. Il a laissé derrière lui plusieurs ouvrages exprimant son rapport au scepticisme et à l’humanisme, dont The new skepticism : Inquiry and reliable knowledge publié en 1992. A travers ses écrits, je rendrai compte ici de l’histoire et de l’identité du Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal (CSICOP) dont il a initié la fondation en 1976 en ayant convié scientifiques et philosophes à une conférence intitulée « The New Irrationalisms: Antiscience and Pseudoscience. » (Kurtz, 2001), puis de sa vision philosophique d’un « nouveau scepticisme » inspiré de la science.

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« Au Nom de la Science » – Martin Gardner

Martin Gardner (1914 – 2010) était un vulgarisateur scientifique particulièrement connu pour sa chronique « Mathematical Games » dans Scientific American et pour son opposition aux pseudosciences. Il côtoie déjà le magicien James Randi et le sociologue Marcello Truzzi lorsqu’ils sont tous conviés en 1976 par le philosophe Paul Kurtz, inquiet d’une montée des croyances paranormales, à la conférence qui aboutira à la fondation du Committee for Scientific Investigation of Claims of the Paranormal.

Bien avant la création de ce qui deviendra ensuite le Committee for Skeptical Inquiry, Gardner publie en 1952 (soit peu après l’apparition du Comité Para, bien que les évènements ne soient pas directement liés entre eux), un ouvrage intitulé In the Name of Science: An Entertaining Survey of the High Priests and Cultists of Science, Past and Present. À l’occasion de son édition revue et étendue en 1957, le livre se renomme Fads and Fallacies in the Name of Science, non sans intentionnellement rappeler Foibles And Fallacies Of Science, titre d’un ouvrage du physicien Daniel Webster Hering datant de 1924, et qui faisait déjà la critique des pseudosciences et charlataneries.

La seconde édition de l’ouvrage nous gratifie d’une préface intéressante : Gardner nous rapporte que, à la suite de la publication du livre en 1952, il reçut de nombreuses lettres de lecteurs mécontents. Cela n’est pas étonnant, et les vulgarisateurs sceptiques contemporains ne sont pas étrangers des harcèlements de la part des imposteurs et des croyants, même si les lettres sont aujourd’hui remplacées par les réseaux sociaux en ligne (voir exemple de Jacques Grimault). Mais Gardner pointe que, plus que de simplement avoir été critiqués, nombre de mécontents se plaignent particulièrement d’avoir été mis au même niveau que telle ou telle autre pratique : ils ne remettent pas en cause les critiques envers les autres disciplines, voire les approuvent, c’est seulement celles envers leur discipline dont ils s’offusquent. Un constat qui, lui aussi, rappelle celui fait en 2018 par Frank Ramus dans son article « La rationalité est-elle à géométrie variable ? ». L’ouvrage a également reçu des retours positifs ainsi que des critiques constructives accompagnées de ressources additionnelles utiles à la construction de sa seconde édition. Dans cette préface, le livre de Daniel W. Hering est mentionné comme un des rares écrits antérieurs ayant pu donner des pistes à Gardner.

In the Name of Science

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Le Comité Para

C’est en étant officialisée en 1949 sous le nom de Comité belge pour l’investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux que naquit la première association de scepticisme scientifique, toujours active aujourd’hui et que nous connaissons sous l’appellation Comité Para.
Bien que certains mentionnent parfois comme première association ayant une pensée sceptique la Vereniging tegen de Kwakzalverij néerlandaise, qui lutte contre les charlatanismes pseudo-médicaux depuis 1881, c’est le Comité Para qui servit d’exemple pour la formation en 1976 du Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal (CSICOP), plus connu désormais sous le nom de Committee for Skeptical Inquiry (CSI).

Pour comprendre l’identité d’un mouvement et d’une philosophie il peut être important de revenir à ses origines et d’en retracer l’histoire. Pour cela un article (écrit en anglais) laissé derrière lui par le Professeur Jean Dommanget (1924–2014) (1993), ancien président de l’association, nous renseigne sur la création du Comité, et sur son histoire au-delà de l’époque que je vais traiter ici. Je remercie aussi Jeremy Royaux, actuel président du Comité Para, de m’avoir transmis « Les souvenirs d’un membre fondateur sur la création du Comité », chapitre écrit par le Professeur Paul M. G. Lévy (1910-2002) pour un ouvrage collectif du Comité Para (Dommanget et al., 1999). Ceux souhaitant en savoir plus sur l’histoire et la raison d’être du scepticisme scientifique pourront lire le travail réalisé en anglais par Daniel Loxton (2013) pour The Skeptics Society, la philosophie de Paul Kurtz (1992) ainsi que l’ouvrage fondateur de Martin Gardner (1957), celui de Donovan Hilton Rawcliffe (1952), et avant eux celui de Daniel Webster Hering (1924).
 

Le commencement du scepticisme scientifique

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